[COMMUNAUTÉ] Portrait de Julien Barrere, alumnus et doctorant

Photo Julien Barrere [COMMUNAUTÉ] Portrait de Julien Barrere, alumnus et doctorant



CURIOSITÉ, RENCONTRES, EXPLORATION DU VIVANT



Julien Barrere est en cinquième année de doctorat à Harvard, aux États-Unis. Pourtant, rien ne l’y prédestinait : né dans l’Allier, Julien grandit dans la ferme familiale et souhaite la reprendre après le lycée. Il entreprend tout de même de faire des études, sur les conseils de son père. Le CRI (aujourd’hui Learning Planet Institute) lui donne envie de se laisser porter par sa curiosité. Au fil des années et des rencontres, Julien ira du CRI à Harvard en passant par le Canada, la Serbie, l’école Polytechnique de Zurich et le MIT. Rencontre avec un esprit brillant, humble et tranquille.


Julien Barrere est en cinquième année de thèse à Harvard, aux États-Unis. Il y étudie la biologie cellulaire, et a désormais passé plus de temps à étudier outre-Atlantique qu’en France, ce qu’il était loin d’imaginer il y a encore quelques années.

Julien a grandi dans une ferme de l’Allier. « Au milieu de nulle part ! », dit-il. Au lycée, l’apprentissage et la connaissance ne le stimulent pas plus que cela « J’allais à l’école pour aller à l’école, je le faisais parce que je n’avais pas le choix, et puis voilà ». Loin du monde académique, Julien n’a pas l’objectif de faire des études, mais plutôt de reprendre la ferme familiale à la sortie du lycée.

Son père, pourtant, lui souffle l’idée de poursuivre dans l’enseignement supérieur pour, dit-il, ne pas se faire marcher sur les pieds et développer son esprit critique. Julien est d’accord : « Je me suis dit : de toute façon, je fais des études sans me mettre la pression. Si ça ne me convient pas, je peux toujours reprendre la ferme. Si je ne m’y déplais pas, je continue… »

Un jour, le père de Julien lui tend un article du Monde : « Tiens regarde, ça a l’air pas mal. » Cet article est d’un certain François Taddei, co-fondateur du CRI.

Loin d’être totalement convaincu, Julien a tout de même un bon pressentiment. Il est pris au CRI, en licence « Frontières du Vivant » (FdV), qu’il intègre juste après le bac, en suivant son état d’esprit : sans pression.

« Le CRI m’a vraiment apporté la curiosité. Je l’avais déjà, mais à petite dose. Le CRI l’a décuplée. »

À l’époque, en 2012, le CRI est dans les locaux de l’hôpital Cochin. « On était dix-huit étudiants. Ils avaient recruté un groupe de gens super divers, très intéressés et intéressants. », se souvient Julien, pour qui la présence de ses camarades était une grande source de stimulation. « On n’était pas le genre de profils prépa, où tout le monde a eu mention très bien au bac (il n’y en avait que deux) ». C’était des gens avec une personnalité, quelque chose de vraiment intéressant les définissait. »

Au CRI, Julien découvre justement la beauté de l’apprentissage et la stimulation de découvrir de nouvelles connaissances. « Le CRI m’a vraiment apporté la curiosité. Je l’avais déjà, mais à petite dose. Le CRI l’a décuplée. » À ses yeux, les enseignant·e·s contribuent aussi largement à cette atmosphère puisqu’ils/elles sont très passionné·e·s par ce qu’ils/elles enseignent. « Les doctorants étaient assez jeunes, et faisaient des cours de manière assez originale et alternative. La manière dont les connaissances sont transmises joue aussi beaucoup dans l’apprentissage. »

Julien se reconnaît dans l’approche interdisciplinaire du CRI. « C’était un enseignement très très général : on avait physique, chimie, bio, informatique, maths, philosophie, didactique… », énumère-t-il. Mais finalement, ce qui intéresse Julien, c’est ce qui l’intéressait déjà un peu auparavant : le cours général de biologie, et l’écologie. « En grandissant dans une ferme, tu vois l’écologie sous tes yeux. Tu ne mets pas forcément le nom d’écologie dessus, mais le concept de biodiversité est ancré dans ta tête. »

En parlant de la ferme, Julien n’a toujours pas l’intention d’arrêter ses études… Il poursuit donc sa licence. En troisième année, il fait un semestre de cours à l’Université Concordia de Montréal, en échange universitaire, pour suivre des cours en anglais.

Une expérience « incroyable » au Petnica Science Center en Serbie

De retour en France, il repart quelques mois après en Serbie, avec Tamara Milosevic, coordinatrice de la licence à l’époque. « On a passé deux semaines au Petnica Science Center. C’était une expérience incroyable. On a eu des cours sur la manière de faire de la recherche de A à Z, sur la bibliographie, le développement de protocoles, la présentation des données, l’écriture de rapports… ». Petnica étant un petit village, Julien passe du temps au centre avec un groupe de personnes intéressant. « On était tous au centre. C’était hyper stimulant intellectuellement, socialement aussi. ».

De cette expérience marquante, « incroyable » pour Julien, nait l’idée d’un stage entre le CRI, en France et le Petnica Science Center, en Serbie. Sous la supervision et avec l’aide de Tamara Milosevic, Julien est en charge de la mise en place d’une plateforme de cours en format hybride, afin que les étudiant·e·s puissent effectuer des recherches et accéder à des ressources en ligne pour apprendre.
II y restera finalement deux ans en tant qu’assistant pédagogique (teaching assistant).

Tamara Milosevic est l’une des mentors de Julien. Il a beaucoup appris d’elle. « Je lui dois vraiment tout. Elle m’a donné des conseils pour avancer dans le monde de la recherche et m’a notamment aidée pour mes candidatures de master (je ne savais pas du tout comment faire) ».

Parce qu’en fait, oui : Julien poursuit en master. Pas question d’arrêter ses études tout de suite. Même s’il a toujours en tête de reprendre la ferme familiale.
« Je me suis dit : bon finalement, c’est plutôt cool. Oui, ok je peux faire un master. » Après des hésitations entre un master en sciences et un autre en sciences de l’éducation, Julien postule un peu partout, avec l’idée d’aller à l’étranger.

« Un prof du CRI m’a parlé de l’école polytechnique de Zurich (ETH Zürich), et m’a dit que c’était bien. Alors j’y suis allé. » Son master se nomme « écologie et l’évolution ». Julien y étudie la biologie évolutive des espèces et des populations de plantes, d’animaux, de microbes, de champignons et d’écosystèmes pour comprendre l’environnement et le développement évolutif des différents composants, et leurs interactions. Le jeune homme commence alors ses premiers travaux en laboratoire, dont un – par hasard – avec un ancien PhD du CRI, Antoine Frénoy, qui lui a aussi beaucoup apporté.

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Vers une écologie microbienne

Un jour, un chercheur du MIT, spécialiste de l’écologie microbienne dans les océans, vient visiter le laboratoire dans lequel Julien travaille à Zurich. « Après quelques discussions, il m’a proposé de faire ma thèse de master dans le laboratoire dans lequel il travaillait. Je me suis donc retrouvé au MIT. » Julien mène sa recherche de master sur l’écologie et la biodiversité du microbiome du sol avec Otto Cordero. Puis il travaille un an au Jeff Gore Lab.

« À partir de ce moment-là, je me suis dit « Pourquoi pas faire une thèse ? ». Je pouvais formuler ça de manière plus romantique, comme « Qu’est-ce que ma passion ? », ou « Qu’est-ce que je veux faire dans ma vie ? », mais non ». Décidément, Julien incarne la force tranquille. Et sa jeune vie universitaire ne s’arrête pas là. La ferme attendra.

« Je me suis créé les opportunités », explique-t-il. « Inconsciemment, j’ai cherché, j’ai rencontré des personnes. Dans l’environnement dans lequel j’ai grandi, je n’avais jamais entendu parler d’Harvard…»

Et pourtant. Après avoir préparé ses dossiers de thèse pour le MIT, le DOME (Division of Microbial Ecology) en Autriche et Harvard, Julien est brillamment pris aux trois. « Difficile de se détacher de l’image qu’ont les grandes universités américaines… En plus, l’école doctorale d’Harvard proposait plus de suivi de la recherche. »

Julien commence donc sa thèse à Harvard en 2018. Pendant un an, il rencontre les professeurs affiliés à chaque labo pour choisir celui qui lui conviendra le mieux. « Dans tous les endroits où j’ai postulé, il y avait de l’écologie microbienne », explique-t-il.

Il choisit le laboratoire du Professeur Andrew Murray. « Il s’intéressait à l’évolution de la multicellularité, et moi aussi. Je l’ai choisi comme directeur de thèse pour son accompagnement et son investissement. Il me donne aussi des conseils de vie. Et il a une façon de penser incroyable ! ». Le Learning Planet Institute continue de suivre Julien dans son parcours puisque Andrew Murray fait partie du Scientific Advisory Board du collaboratoire de recherche. « Je n’ai pas choisi son labo exprès », lance Julien en riant, « c’est très inconscient ! ».

Aujourd’hui, Julien travaille sur des approches d’évolution expérimentale. « Il y a des millions d’année, la vie sur terre était uniquement constituée de cellules individuelles. Et à un moment donné, ces cellules ont formé des groupes plus complexes, en passant d’une à plusieurs cellules. J’essaie d’étudier les conditions qui ont pu permettre à cette transition de se faire. » Julien est fasciné par son sujet, et manipule des levures pour reproduire ces transitions en laboratoire. « On essaie de faire évoluer des cellules individuelles pour qu’elles forment des groupes multicellulaires. », explique-t-il.

S’il avait envie de rester cinq ans de plus à rédiger sa thèse, Julien le pourrait, mais il se donne encore un ou deux ans. Car malgré son brillant parcours universitaire, Julien n’a jamais perdu de vue son projet de départ : reprendre la ferme familiale. « Le projet de ferme a évolué. J’aimerais pouvoir un jour créer un lieu ouvert, permettant d’unifier trois sujets : l’agriculture, l’éducation et la science. ». L’idée : rassembler des personnes aux profils divers et variés dans une même structure pour réfléchir à des questions telles que « Comment va-t-on se nourrir dans le futur ? ». Le chemin de Julien n’y est certainement pas pour rien.


Un portrait de Marie OLLIVIER

Smurfs get ANRed

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Ageing is considered, in humans and organisms used to model their ageing, as a continuous process accompanying a time-dependant increasing mortality risk and associated so-called hallmarks of ageing. Thanks to a tool (Smurf Assay) and theoretical framework (Two phases of ageing – 2PAC) developed by Michael Rera in the past years, initially using the model organism D. melanogaster, this view of ageing can now be challenged and opens novel questions regarding this process.

We can now study ageing as a discontinuous process made of two successive phases separated by a sharp transition, evolutionarily conserved in other drosophila species, nematodes and the zebrafish. Thanks to the ATIP-Avenir grant he obtained in 2018, together with his team they started to characterize the transcriptional signature of each of these two phases as a function of chronological age as well as its conservation in mammals, and outline the ethical questions that our research work raise..

The ADAGIO project now financed by the ANR aims at 1) extending these tools to mammals including humans and 2) characterize the metabolic changes accompanying the late phase of life in order to 3) develop even earlier marker for natural death.

This is, we consider, the essential first steps for creating new, more efficient, anti-ageing pharmacological and genetic interventions.

addendum: two job descriptions will be posted soon for a 24-month postdoc position as well as an 18 months engineer position with a strong expertise on mice and a PhD student contract

Ethical implications of predicting impending natural death

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Approximately 10% of the world GDP is spent every year in health expenditures, half of it during the last year of life. What if we could identify that last year ahead of times? What would be the benefits for doctors, patients and their family? For the economy? And more importantly, what are the risks we would be facing as human societies?

In the past few years, research articles identifying physiological or metabolic parameters enabling 6-8 years high-risk of death from any causes have started to be published. Moreover, work from our team shows the existence of strongly stereotyped end-of-life events broadly conserved through evolution. Taken together, these elements suggest that the ability to predict high-risk of death from any causes at the individual level is within reach.

In this work recently published in BMC Medical Ethics, we discuss and try to outline the most important questions raised by such incoming possibility using philosophy, clinical psychology, actuarial mathematics and Intensive Care Units medecine. From questions and answers brought by philosophy that « has paid much attention to the meaning of the mortal condition » to Psychologists « working with people suffering from life-threatening conditions » we outline the similarity of predicting high-risk of impending death in a healthy adult to the experience associated with Huntington’s disease early diagnostics. We also discuss the potential benefits for personalized medicine that could be better fitted to someone’s physiological age and counter balance it with possible devastating side-effects regarding « the design of state pensions and long-term care systems [that] could be modified ». The most important question we outlined is simple, « which institutions, if any, should have access to information on death predictors? ». In addition, who will be in charge of checking on the use of such data, for how long? and shouldn’t we address such question in the context of a broader audience?

An updated French manuscript in the Médecine/Sciences journal : https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2020/11/msc190265/msc190265.html

More details here in a French talk that occured on December 4th, 2019 at the Ministère des Solidarités et de la Santé in the context of the Plateforme Nationale de Recherche sur la Fin de Vie.